France : La « Jungle » de Calais, au-delà des clichés, avec son cimetière musulman et sa mosquée

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Des milliers de migrants ont pu atteindre le Royaume-Uni depuis le début des années 2000, partant de la « Jungle », le plus grand bidonville de France situé à Calais, pourtant pour des centaines d’autres, l’aventure se termine sur place avant de réaliser leur rêve.

Le cimetière de Calais, son petit quartier consacré aux musulmans plus précisément, abrite désormais une vingtaine de sépultures appartenant aux Afghans, Soudanais, Syriens et Maliens, Erythréens et Pakistanais, qui ont tous perdu la vie sans rapatriement de corps de France à des milliers de kilomètres de leurs pays d’origine. Des pierres tombales peu décorées indiquent le nom du migrant, la date de sa mort avec un croissant en-dessus. Les dates, les noms et les nationalités se confondent, pourtant la simplicité reste de rigueur, comme dans le cas de la sépulture d’un jeune Afghan de 15 ans qui côtoie celle d’un Soudanais de 40 ans. Ces migrants qui ont partagé les mêmes conditions de vie, peut-être pendant plusieurs mois, finissent par partager le même destin dans un cimetière calme, bien loin de leurs patries. Une tombe fraîchement creusée se distingue d’autres sépultures par sa taille minuscule. Il s’agit de la tombe du bébé d’un couple malien qui était mort-né, explique à Anadolu Fares Ibrahim, responsable de l’association Bab El Jenna, chargée de l’enterrement de migrants à Calais. L’association dont le nom signifie « la porte du paradis » en arabe, s’est chargée de l’enterrement du bébé Youssef, comme bien d’autres qui ont perdu la vie à Calais. Son aventure dans la Jungle, qui avait commencé avant sa naissance, dans le ventre de sa mère, se termine par une prière funéraire, accomplie à côté de la sépulture. Bab El Jenna, comme Oumma Fourchette, sont les deux associations qui se chargent de l’enterrement des migrants ou du rapatriement de leurs corps vers leurs pays d’origine depuis près de 4 ans, informe Ibrahim. Le rapatriement des corps, qui varie en fonction du pays d’origine, peut toutefois s’élever jusqu’à 6 000 euros, ce qui oblige la plupart des familles dans la Jungle à enterrer leurs proches dans ce cimetière de Calais. Les associations arrivent parfois à récolter des fonds pour s’acquitter des frais de rapatriement, tient à souligner le responsable de Bab el Jenna. Suite de l’article www.trt.net.fr

France : Les rites funéraires islamiques en droit français : la conciliation par l’adaptation

L’inauguration du cimetière public musulman de Strasbourg en février et l’affaire des exhumations au carré musulman d’un cimetière niçois fin décembre soulèvent bien des questions sur la gestion des carrés musulmans en France. Si 80 % des musulmans choisissent de rapatrier leurs proches décédés dans les pays d’origine, les 20 % restants tiennent à avoir une place en France après leur mort. Un enracinement par la terre qui leur est naturel. Mais comment concilier les besoins des familles à satisfaire les rites religieux et la législation française ? La gestion exemplaire du carré musulman de La Guillotière à Lyon, mise en exergue par Dounia Bouzar, interpelle.

La mort est inéluctable mais ne signifie nullement la fin définitive de la vie en islam. Pour préparer cette étape vers l’au-delà, la religion codifie les rites funéraires dans le moindre détail. Ainsi, les corps doivent être lavés, recouverts d’un linceul puis enterrés le plus rapidement possible dans un délai de 48 heures au maximum après la mort. Après la prière funéraire collective célébrée au cimetière, l’ensevelissement du défunt à même la terre – sans cercueil dans la tradition – se fait sur son côté droit de façon à ce qu’il soit dirigé vers La Mecque. Les incinérations sont formellement proscrites dans la religion musulmane. Quant aux exhumations, elles sont aussi interdites sauf en cas de force majeure.Si le droit à la non-incinération et à la non-exhumation sont bien respectés à la demande des familles, d’autres contraintes juridiques posées par la législation amènent les autorités musulmanes à adapter certaines pratiques sans pour autant les dénaturer. Une difficulté qu’a réussi à surmonter les Conseils régionaux du culte musulman (CRCM), dont celui de Rhône-Alpes, qui se démarque dans le paysage national. La bonne gestion, par les services municipaux, du carré musulman lyonnais de La Guillotière grâce au partenariat étroit noué avec le CRCM est d’ailleurs mis en évidence dans le dernier travail de recherche sur les bonnes pratiques de la laïcité, réalisé par l’anthropologue Dounia Bouzar pour le groupe parlementaire socialiste*.
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